Y a-t-il des danses activistes ? Des pratiques révolutionnaires du mouvement ? Que s’inventerait-il dans les sous-sols des luttes ? Archive Fever se saisit de ces questions pour explorer la place de la danse dans les archives lgbtqi+.

La puissance politique de la danse est souvent sous-estimée, pourtant le corps reste un des premiers vecteurs d’émancipation.
Bal, soirée dansante, danse en manif, teuf ; les termes pour désigner le mélange des sueurs changent avec les époques, mais une même réalité se dessine : celle d’activistes qui choisissent de faire de la fête un instrument de lutte.

Créée par un trio réunissant chorégraphe, philosophe et écrivaine, cette conférence-performée réactive des archives empruntées aux histoires européennes, sud et nord-américaines du XXe siècle. Elle convoque des images et des tracts, des poèmes, des témoignages, mais aussi des entretiens inédits faits, au cours de la création, avec des personnes ayant traversé ces histoires. Il sera ainsi question duCheval de nuit, boîte où se retrouvaient parfois des militant·es du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire dans les années 1970 en France, des soirées dansantes organisées pour célébrer l’anniversaire des émeutes de Stonewall à New York, d’une performance de Pedro Lemebel à Santiago en protestation contre la colonisation du Chili, du mythique club Le Pulp qui fait rage dans le Paris des années 1990.

Archive Fever tisse ensemble geste, danse, parole et pratique pour déjouer la frontalité du spectacle et proposer un moment de réflexion incarnée et d’expériences partagées. Aborder les histoires minoritaires demande d’inventer une forme qui interroge la division ordinaire entre scène et salle, entre qui bouge et qui regarde. Que se passe-t-il quand ces frontières sont suspendues ?

En réunissant lestraces de danses et d’actions trop souvent oubliées qui pourtant constituent une partie essentielle de l’histoire récente des luttes. Ensemble il s’agit d’explorer la puissance de la mémoire et d’honorer celleux qui se sont réunies pour bouger ensemble, opposer la splendeur à la brutalité et s'inventer des contre-mondes, là, à même leurs peaux entremêlées.